Masques en tissus Made in France : de pénurie à surproduction

Après s’être fortement mobilisées au début de la crise sanitaire pour palier à la pénurie de masques grand public anti COVID-19, les entreprises textiles françaises voient leurs commandes s’effondrer.

En Auvergne-Rhône-Alpes, première région textile de France avec 17 126 salariés, 45 entreprises ont converti leurs outils de production pour produire et commercialiser, le plus rapidement possible et en réponse à l’appel lancé par le gouvernement, près de 5 millions de masques par semaine. Parmi elles, on retrouve notamment Les Tissages de Charlieu, Boldoduc, Deveaux, Porcher, Chamatex ou encore Henitex.

Mais depuis maintenant une semaine, c’est « la douche froide » pour reprendre les termes employés par le délégué général d’UNITEX Pierric Chalvin. En cause ? Un arrêt quasi complet des commandes par l’administration publique, les collectivités territoriales et les entreprises. La raison principale de cet effondrement est la concurrence asiatique et les importations massives. A titre d’exemple, le ministère de l’Economie a lui-même fait venir plus de 10 millions de masques lavables directement du Vietnam pour un prix de vente deux fois supérieur à celui d’un masque lavable fabriqué en France. Un triste constat quand on se rappelle qu’il y a trois mois, l’industrie avait tout mis en oeuvre pour répondre à la demande de l’Etat et proposer des prototypes le plus rapidement possible à la Direction Générale de l’Armement. Certaines entreprises ont même été jusqu’à investir dans du matériel et embaucher du personnel pour répondre à ce besoin immédiat.

Qu’en est-il aujourd’hui de la situation ? Une dizaine d’entreprises annonce près de 2 millions d’invendus et des stocks de tissus dédiés à la fabrication de plus de 14 millions de masques.

Unitex, au nom de la filière régionale, déplore aujourd’hui cette sollicitation urgente puis cet abandon de la filière locale. N’ayons pas la mémoire courte et souvenons-nous de la mobilisation de la filière.

Privilégier l’achat de masques UNS fabriqués en France, moins chers et plus écologiques que les masques jetables et masques d’importation, notamment lorsque l’on prend en compte le nombre d’utilisations après lavages, est une bonne occasion de prouver que nous sommes passés dans le monde d’après… L’État et les collectivités locales doivent prioriser la commande publique vers la production française et acheter les stocks résiduels pour constituer des stocks de précaution.

Le masque textile français peut être le symbole de la reconquête de notre souveraineté industrielle qui valorise le coût carbone et le coût social de notre modèle hexagonale.

 

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